Diberdayakan oleh Blogger.

Jumat, 17 Januari 2014

Eugène Sue, auteur des Mystères de Paris en 1842.
Le 1er juillet 1836, Émile de Girardin et Armand Dutacq font paraître Le Siècle et La Presse. La Presse publie le premier feuilleton-roman d’Alexandre Dumas : La Comtesse de Salisbury, du 15 juillet au 11 septembre. Elle fait également paraître La Vieille Fille de Balzac, du 23 octobre au 30 novembre 1836. Puis de septembre à décembre 1837, ce seront les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié (dans Le Journal des débats). D’un point de vue littéraire, la nouveauté tient à ce que la publication « au feuilleton » précède désormais à l’écriture des œuvres des feuilletonistes. Il ne s’agit plus de découper au mieux un roman préalablement écrit en tranches, mais d’écrire (et souvent, d’écrire vite) des romans dont on sait par avance qu’ils sont destinés au découpage. Sont conçus dans cet esprit Les Mystères de Paris d’Eugène Sue (publiés du 19 juin 1842 au 15 octobre 1843, et qui inspireront ses Mystères de Marseille à Émile Zola, Les Mystères de Londres de Paul Féval, Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, ou encore l'ensemble de l'œuvre romanesque de Jean-Louis Dubut de Laforest.
Inspiré par le succès des Les Mystères de Paris d'Eugène Sue, le feuilletoniste Ponson du Terrail, publie en 1857 dans le journal La Patrie la première œuvre du cycle des « Drames de Paris », L'Héritage mystérieux. Son héros, le populaire Rocambole, inspire l'adjectif « rocambolesque » qui va désormais qualifier des événements ou des péripéties incroyables.
On peut alors véritablement parler du « roman-feuilleton » comme genre en soi. Les éditeurs de journaux envisagent ces publications comme de véritables opérations publicitaires, et embauchent des équipes d’auteurs à qui ils demandent d’écrire, rapidement, des romans dans le goût du public. Certaines de ces équipes font même du travail de collaboration, composant des romans à plusieurs mains. Une partie de la critique voit alors dans ces publications « bas de page » une littérature populiste et industrielle, pour tout dire avilie, et caractéristique de l’émergence d’une culture de masse.
Dès le milieu du xixe siècle, les réactions ne vont pas manquer face au succès grandissant de cette forme de littérature. Le baron Chapuys de Montlaville prononcera plusieurs discours à la tribune de l’Assemblée nationale entre 1843 et 1847, où seront dénoncés les dangers de ce qu’il compare à une véritable œuvre d’aliénation de la raison par l’imagination. Il représente ici la position des puritains face à la multiplication de ces romans populaires, et traduit l’inquiétude de ses pairs devant les formes que prend la démocratisation des débats d’idées. Pour nuancer cette position, il faut préciser que c’est également l’avilissement moral des lecteurs que l’on craint, notamment à cause de la démarche mercantile qui accompagne ces romans, dont on craint qu’elle ne contamine définitivement la pensée des écrivains.
Alfred Nettement de son côté constatera avec regret l’affadissement des positions politiques autrefois défendues par les journaux, qui doivent à présent se ménager les opinions de tous bords pour contenter leurs annonceurs et survivre. À côté de ce constat qu’il appuie de quelques anecdotes assez édifiantes, il estime également que la dérive de la littérature dans la forme commerciale du roman-feuilleton est à mettre sur le compte d’une dérive générale des arts littéraires. La vision qu’il en donne permet de prendre un peu de recul par rapport aux critiques dont le roman-feuilleton est l’objet :
« « Quels ont été les auteurs qui ont régné sur nos théâtres dans ces derniers temps, et qui résument par conséquent le mieux les tendances de notre littérature dramatique ? Ce sont MM. Victor Hugo, Alexandre Dumas et Scribe. (…) M. Victor Hugo, on le sait, n’avait pas attendu les romanciers du feuilleton pour réhabiliter la courtisane. (…) on l’a vu célébrer tour à tour sur la scène, la beauté de la laideur, la chasteté de la prostitution, la probité du brigandage, la dignité de la bouffonnerie, les magnificences des haillons et les parfums de la boue. Il est vrai que, par compensation, toutes les fois qu’il met les mains sur les grandeurs de la famille ou de la société, il les traîne aux gémonies. (…) C’est une terreur littéraire, c’est un 93 théâtral, succédant à la terreur et au 93 politique. La poétique de M. Alexandre Dumas et celle de M. Scribe appartiennent à des genres différents, et elles attaquent la société par un autre bout, mais elles l’attaquent d’une manière aussi dangereuse. »
Les critiques ne s’adressent pas seulement au contenu des romans, mais également à leur forme  :
« L’art peut souffrir des conditions dans lesquelles il se manifeste, si la publication du livre par tronçons doit avoir une influence mauvaise sur les procédés de composition et de style1. »
Obligés de soutenir l’intérêt du lecteur, les auteurs de roman feuilleton développent des « procédés de suspension savante1 » que certains critiques jugent racoleurs  :
« [..] on aimait surtout dominer l’imagination par des menaces de terreur. L’idéal était de montrer, à la fin du numéro, un bras sortant de la muraille et tenant une tête ensanglantée ; puis l’on posait en deux alinéas cette double question : « Quel était ce bras ? » - « Quelle était cette tête ? » Et l’on remettait au prochain numéro une réponse, que l’auteur souvent n’avait pas encore trouvée1. »
Accusé d'être à cours d’idées, le feuilletoniste va chercher l’inspiration dans les archives médicales ou judiciaires « qu'il rajeunit à force d’invraisemblances1. » Puisqu’il est payé à la quantité, et non à la qualité du texte, il noircit les pages à coup de descriptions oiseuses comme Ponson du Terrail dans Les Gandins ou d’effusions de style comme Charles Hugo, accusé d’« épuiser le dictionnaire » avec Une famille tragique1.



0 komentar:

Posting Komentar